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mercredi 1 avril 2009

Chimères et Papillons



Parfois, Yamauba faisait des cauchemars.

Un même rêve angoissant revenait cycliquement la hanter : le vent mugissait dans le jardin tandis qu'un immense papillon de nuit au visage triste et enfantin la suppliait de lui ouvrir la porte de la maison. Le souffle océanique et glacé provenait d’un orage lointain rageant à quelques kilomètres de la côte. Le papillon risquait à tout moment d’être emporté au large dans la danse violente et infatigable des rafales. Yamauba, pleine de compassion, ouvrait alors grand la porte de son coeur. En pénétrant dans la maison, le papillon apeuré se transformait en une horrible chauve-souris vampire. Ma fille se réveillait paniquée et courrait me rejoindre dans mon lit.

Au bout du dixième cauchemar identique, je m’inquiétais pour Yamauba qui retombait sans cesse dans les filets de son rêve. J’avais beau lui dire de se pincer très fort le bras pour se réveiller, ou encore de se rappeler la face sombre du papillon avant de lui permettre de rentrer, elle oubliait.

Ma petite semblait soumise à une contagion émotionnelle implacable dont son père décédé et moi-même étions, sans le vouloir, les principaux émetteurs. Cette prise de conscience pénible m’amena à chercher d’autres outils pour aider mon enfant, d'autres solutions plus proches de mon cheminement de peintre.

Finalement, Yamauba trouva elle-même un moyen efficace pour se libérer de son rêve en se fabriquant, dans du papier résistant de fibre de mûrier, un sac à cauchemars. Elle le peignit de couleurs lumineuses.

Le sac demeura vide plusieurs jours dans sa chambre. Puis un jour, elle y déposa quelque chose... un haïku du poète Buson. C'était le même que j’avais retranscrit dans le pavillon d'été, sur le mur de mon atelier :

“Sur la cloche du temple
Un papillon dort
Profondément.”

J’étais sidéré : ma fille n'avait jamais mis les pieds dans mon atelier, condamné avant sa naissance. Elle ne pouvait connaître l’existence du poème sur le mur. Yamauba l’avait recopié d’un recueil de haïkus à la bibliothèque du monastère. Lorsque je lui demandai pourquoi elle avait choisi ce poème, elle ne put me répondre.

(Extrait de Chimères et papillons en cours d'écriture)

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