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lundi 5 janvier 2009

Lettre d'amour à ma babouchka


Vert, illustration tirée de l'album jeunesse Les Couleurs de ma mère, Éditions HMH Hurtubise 2005

Avant de mourir, ma grand-mère m’a donné une petite boîte de bois peinte de motifs traditionnels russes. À l'intérieur de celle-ci, il y avait une poignée de sa terre natale. Cette terre, elle l'avait emportée précieusement dans ses poches en 1923, fuyant dans la terreur à travers champs et bois, les Bolcheviks. Ma grand-mère n'est jamais retournée en Russie.

Dans cette terre, Baba, j’y ai mis quelques grains de ciel, des immortelles et une mèche de tes cheveux d’argent. Je l’ai mariée à cette terre nouvelle du Québec espéré, cette terre intérieure des poètes du pays de l’être, des chamans et des babayagas, afin qu’on y plante à nouveau nos joies et nos peines.

Lettre d'amour à ma babouchka

©Annouchka Gravel Galouchko 2006

Glissant sur les eaux immobiles du Lac-des–Îles tant aimé
J’ai vu que l’on était aussi la sève des oiseaux
Des arbres humains
De la terre humaine
Du ciel humain
La vraie nature qui ne meurt jamais

Le feu printanier cascade depuis l’éternité
Dans la colonne vertébrale des arbres et des hommes
Je m’enracine contre un tronc argenté
Pour marier la vie

Dans l’or du temps de ton âge et de tous les âges
Je m’évapore dans la beauté
Des feuillages naissants des bouleaux québécois

Je demeure sans demeure
Jusqu’au crépuscule
Des bouleaux de ta Russie natale

Nous nous embraserons
Sans brûler
Nous embrasserons
Sans nous blesser
Dans la solitude pleine et charnelle
Fluide et sans horizon

Nous puiserons de la terre et du ciel
Cette puissante solitude
Toujours ici
Là-bas et maintenant
Dans la communion des hommes et des forêts
Ne connaissant plus l’isolement des déracinés

Nous deviendrons les montagnes
Corps d’un âge nouveau

Mais avant que ne vibrent les atomes de leur écho intérieur
Nous ouvrirons les portes closes
Sur la lumière du monde

L’amour nous visitera tous
Jeunes ou vieux
Tu repasseras sans peur
Dans les lieux de tes mémoires

Tu t’évaporeras dans l’or du temps de ton âge et de tous les âges
Et demeureras sans demeure
Jusqu’au crépuscule des bouleaux de toutes nos Russies

Alors tu reconnaîtras ta vraie nature
Celle qui fut toujours ta vraie demeure

Il y a longtemps que je t’aime
Jamais je ne t’oublierai

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