À gauche, Larissa Ivanovna Konopichine Galouchko, ma grand-mère paternelle russe et sa grande amie en 1917 pendant la révolution bolchevique.
Samedi 28 janvier 2006, Le Journal Première Édition
ActualitéAnnouchka Galouchko souffle le souvenir de sa babouchka
Vaudreuil-Dorion. D'origine russe par son père, Alexandre, Annouchka Gravel Galouchko a écrit un poème très touchant pour sa baba, (grand-mère) Larissa qui connut les souffrances de l'exil, dans le recueil "Mille mots d'amour" publié par " Les impatients".
Le coffret contient plus d'une centaine de lettres d'écrivains, d'artistes et du public. Il a été créé afin d'aider les "impatients" à amasser des fonds dans le but d'offrir un lieu d'expression artistique et thérapeutique aux gens souffrant de problèmes de santé mentale et de favoriser les échanges avec la communauté, grâce à la diffusion de leurs réalisations.
Lyne Chevrier, journaliste
En 1923,
Larissa fuit les bolchéviques, en compagnie de sa soeur, à travers la forêt. Elles abandonnent tout, famille, amis vivant à Moscou et à Dimitriev, (petite ville située au sud ouest de Moscou), pour aller rejoindre leurs jeunes époux exilés à Paris et à Bruxelles. Le grand-père de Annouchka, Ievguenïï Alexandrovitch Galouchko, était encore un étudiant lorsqu'en 1920, il s'enrôla dans l'Armée des Volontaires comme officier de marine. Il participa à l'évacuation en Crimée de l'Armée Blanche et des civils qui désiraient fuir le régime Soviétique. Après bien aventures hors du commun, il réussit à rejoindre la France, sa terre d'accueil.
De son côté, Larissa sait qu'elle ne reverra plus sa mère qu'elle adorait, son frère Victor, sa plus jeune soeur Lina et sa terre-mère: la Russie. Elle sait aussi que le voyage qu'elle entreprendra se fera au péril de sa vie. Elle cueille une poignée de terre et de fleurs, seules témoins de son enracinement et de sa culture. Annouchka rajoutera une mèche de cheveux de sa babouchka dans le précieux pot de bois traditionnel que lui a léguée son aïeule. Les émigrantes franchissent en pleine nuit la frontière russe fermée et terminent la première tranche de leur périple en Pologne où l'armée polonaise les arrête et les soumet durant de longs mois, aux pires travaux dans des camps.
Le grand-père de Annouchka, grâce au soutien du consulat de France, réussira à se procurer des passeports Nansen, destinés aux apatrides, qui délivreront les prisonnières du joug polonais.
Mon grand-père russe, Ievguenïï Alexandrovitch Galouchko, son épouse Larissa et mon père, Alexandre Ievguenïevitch Galouchko à Paris vers 1927
De Ioussoupov à Raspoutine
Un pan d'histoire recoupe la vie de cette exilée et de sa famille comme en témoigne cette anecdote. Issu de la petite noblesse, l'arrière grand-père de Annouchka Galouchko, Ivan Alexandrovitch Konopichine, (le père de Larissa ), a occupé le poste d'intendant des domaines du prince Ioussoupov, celui-là même qui a assassiné Raspoutine. Larissa vécut sa petite enfance dans le domaine ancestral de ses grands-parents maternels Pereverseff, issus de la vieille noblesse, et une partie sa jeunesse sur les terres du prince Ioussoupov.
Nous puiserons de la terre et du ciel cette puissante solitude et la Zimla germera
Annouchka, qui adorait sa baba, mêlera la terre québécoise à la zimla (terre) russe pour semer de nouvelles graines de vie. Elle me dit, avec un grand sourire, qu'elle est ce mélange de terre québécoise (par sa mère) et de terre russe et que Sacha, son fils, est un arbrisseau d'espoir.
Les trois dernières photos sont de Lyne Chevrier