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vendredi 10 octobre 2008

Portrait d'Annouchka




Texte d'introduction de Marie-Claire Blais pour une monographie sur les oeuvres de l'artiste Annouchka Gravel Galouchko intitulée "Envol Imaginaire", publiée aux éditions  Les 400 coups (1998) coll. Images


Dans sa peinture, ses illustrations, Annouchka Galouchko nous enveloppe, avec ses couleurs chaudes, l'audace de son envol imaginaire, de la beauté mouvante du monde, le monde et ses légendes puisées à toutes les cultures, tous les pays, son inspiration se réchauffant parfois aux nuances somptueuses de l'Orient. Comme Chagall qui se sert de la vitalité du folklore juif pour peindre la fable religieuse d'un tableau ou d'un vitrail, Annouchka Galouchko ressuscite le monde ancien et le nouveau en les pliant à ses propres lois de magie et d'envoûtement secret. Elle recrée l'innocence d'un paradis dont elle connaît la précarité, ce paradis toujours sur le point d'être perdu, anéanti par les fureurs guerrières de notre temps, elle unit dans une même harmonie pays merveilleux, hommes et animaux longtemps séparés les uns des autres par un même exil, et dans ce paradis aux intenses chaleurs, de précieuses récoltes croissent pour les générations à venir, la vie éclate généreusement avec l'abondance des fleurs et des fruits, la végétation est le soir roussie par ce soleil crépusculaire des paysages d'Émile Nolde; dans cette fable qui ravit l'oeil et le surprend, nous sommes près de ces amants de Chagall frôlant dans un tourbillon de feu et de neige au-dessus de leur ville une lune, un chat; les amants d'Annouchka Galouchko portent sur leur coeur un oiseau, ses arbres marchent avec des corps d'hommes, leurs têtes se transforment en brasiers tendant leurs branches fécondées, les tortues, les chiens, les petits chevaux, les ânes, et les colombes, les pigeons blancs envahissent les toits des maisons et la verdure des collines, un pommier peut devenir aussi un garçon noir sous un chapeau de paille, des vers le ciel, nous sommes éblouis de féeriques images et des sortilèges de ce monde renversé sous le trait brûlant des couleurs du peintre qui raconte aussi une histoire. Dans certaines oeuvres, c'est l'empreinte charnelle de l'artiste qui fait vibrer la toile; aux frémissements de joie des corps vivants qui s'enlacent ou se quittent se mêle une peur sourde, car ces sensuels danseurs au paradis dansent aussi sur un monde en feu, et là encore je pense à ce lien sensible que partage Annouchka Galouchko avec le peintre expressionniste germanique, à cette oeuvre de Nolde où l'on voit danser des jeunes femmes sur une piste de chandelles allumées, où des silhouettes noires semblent guetter dans l'ombre les danseuses qui chantent et rient, sautant d'un pied léger au-dessus de la flamme, Annouchka Galouchko peint elle aussi cette chair rouge des vivants, facilement blessée, elle peint ce paradis où s'enflamment les arbres, et peut-être, comme Nolde, revêt-elle d'or et de cet insoutenable bleu fondant vers le noir les anges ou les saints, ou ceux que je perçois dans son oeuvre mystérieuse dont il faut déchiffrer les signes, comme d'errantes victimes cherchant leur parcours entre terre et ciel. Ou ce qui fut hier le paradis, pour elles.


Marie-Claire Blais