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Mon tout nouveau site www.annouchkagravelgalouchko.com contient un blogue que dorénavant j'utiliserai pour partager ma vie artistique avec vous. Je vous invite donc à m'y suivre.

Ce blogue-ci servira uniquement à commenter mes activités de médiation culturelle avec les partenaires institutionnels.

mardi 28 octobre 2008

Le jardin de Monsieur Préfontaine


Le jardin de monsieur Préfontaine
Auteur: Annouchka Gravel Galouchko
Illustration: Annouchka Gravel Galouchko

Voici l'histoire d'un jardin extravagant, gorgé de fruits, de fleurs, de parfums, de couleurs et de musique... La musique d'une petite fontaine qui refusa de se taire, même aux plus mauvais jours. Même lorsque Firmin, le propriétaire, affligé par le malheur qui frappait son jardin, laissa tout à l'abandon, la fontaine chanta encore. Elle chanta jusqu'à ce que renaissent l'espoir et le jardin. Alors, elle prit un peu de repos.


Journal VOIR, février 1998
Livres
Patricia Belzil

Les ravages du verglas sur les arbres ont suscité de sincères indignations contre mère Nature, soudain si cruelle envers ses fistons branchus. Le paysage de désolation qu'offraient échines pliées, bras fracturées et têtes tombées, si terrible fût-il, n'est pourtant rien en comparaison des outrages que les hommes , partout et toujours, infligent aux forêts. À la radio, une toute petite fille expliquait, pleine de chagrin:"Un arbre, c'est comme une personne. Quand je touche à son tronc, j'ai l'impression de toucher à quelqu'un." On lira ces jours-ci, avec peut-être un peu plus d'émotion, une très belle histoire d'arbres parue récemment.
Annouchka Gravel Galouchko raconte et illustre Le jardin de monsieur Préfontaine. Chaque page célèbre cette enclave luxuriante de parfums et de couleurs,"follement exotique", où chante une fontaine libre et dansent les arbres fruitiers. Quel imaginaire libre, chez cette artiste, qui convie l'anthropomorphisme, la perspective anarchique et le pointillisme mouvementé! Mais l'histoire est triste, car monsieur Préfontaine confie à corbeau l'exploitation de son verger. Le vilain arrache, sans discernement, fleurs et fougères. Les oiseaux s'enfuient, le jardin se meurt... et Corbeau abandonne le désastre à son propriétaire anéanti. On verra qu'avec beaucoup de travail monsieur Préfontaine ramènera la vie autour de la fontaine.
Éditions les 400 coups, coll." Les grands albums", 1997

Commentaire de l'auteur:

Le jardin de monsieur Préfontaine que j’ai illustré et écrit en 1997, témoigne aussi de ma démarche, une démarche vivante qui veut s’intégrer au quotidien, s’incarner dans la matière: Monsieur Préfontaine, après avoir perdu la fortune reçue en héritage qui lui permettait d’entretenir un domaine de beauté, a été obligé de trouver en lui-même les ressources pour le faire renaître. Est-ce là, à nouveau, une métaphore du travail à entreprendre?

Annouchka

Des déracinements


À la recherche de mes origines sensibles

Russie de mes grands-parents paternels

Peu avant sa mort, il y a de cela plus de 10 ans, ma grand-mère russe, Larissa Konopichine, ma baba, me donna une petite boîte ronde en bois laqué de sa Russie natale. À l’intérieur de cette boîte magique aux motifs floraux traditionnels rouge, noir et or, il y avait de la terre de sa Russie parsemée de fleurs sauvages. La terre du petit coffret, ma grand-mère Larissa l’avait recueillie dans le jardin du domaine familial et enfouie précieusement dans ses poches en 1923, juste avant de fuir les bolcheviks.
Lorsque j’ai redécouvert la petite boîte de baba, j’ai été submergé par l'émotion. Celle-ci a tissé le fil d’Ariane qui allait me guider dans le labyrinthe de l’histoire russe de ma famille. Dans la terre de ce petit coffret sont enfouies d’énormes souffrances causées par la guerre, mais aussi des souvenirs précieux et lumineux, évocateurs de l'âme de la vieille Russie, qui, inconsciemment, nous ont été légués.



Québec et Canada : autres déracinements du côté maternel

Ma grand-mère maternelle, Lucienne LeMoyne est née à Penbrooke en Ontario. Lors de la rébellion en 1837, ses grands-parents, originaires de Saint-Eustache, ont dû fuir leur village sous peine d'être massacrés et se sont réfugiés en Ontario.
Quant à mon grand-père paternel, Guy Gravel, issu d'une famille nombreuse de 14 enfants, il a dû s'expatrier du Québec pour plusieurs années aux États-Unis afin de subvenir à ses besoins. Il a immigré par la suite en Saskatchewan au début du 20e siècle avec plusieurs de ses frères pour fonder une ville du nom de Gravelbourg. Piétro Gravel, son frère, missionnaire colonisateur, en a été le principal fondateur. Il a rapatrié dans les territoires de Nord-Ouest, par dizaine de milliers, des Franco-Québécois travaillant aux États-Unis. La Couronne octroyait alors dans l'Ouest canadien des terres (les Territoires du Nord-Ouest), à peu de coûts. Les provinces canadiennes n'existaient pas encore.

Il n'était pas évident de gagner sa vie dans l'Ouest canadien en français, c'était un combat perpétuel pour sauvegarder sa langue et ses racines. Après la mort de mon grand-père, ma famille maternelle revint au Québec au début des années cinquante. Ma mère est donc née à Gravelbourg. Après la Deuxième Guerre mondiale, mon père qui est né à Paris, terre d'accueil pour ses parents russes blancs apatrides, décida de tenter l’aventure dans le Nouveau Monde. Il rencontra ma mère en Saskatchewan et l’épousa. Par la suite, mes grands-parents russes qui vivaient à Paris depuis 30 ans, rejoignirent leur fils au Québec.



Un pont

J'aimais beaucoup mes deux grand-mères, l'une russe et l'autre québécoise. Lucienne Gravel (mémé) vivait dans le quartier francophone du Plateau-Mont-Royal. Mon autre grand-mère (baba) vivait dans un quartier d'immigrants, dans Côte-des-Neiges.
Mon père travaillant fréquemment à l'étranger, j'ai passé une bonne partie de mon enfance en Égypte, en Iran, au Mexique, en France et en Autriche. Lorsque nous revenions au pays, mes deux grands-mères étaient nos principaux ports d'attache. Je passais souvent d'un quartier à l'autre comme d'un pays à l'autre.
J'ai souvent vu ma grand-mère, Lucienne Gravel, entourée d'une multitude de caisses de documents, triant, classant, annotant soigneusement les centaines de lettres dont elle avait hérité de son mari, Guy Gravel. Cette correspondance, recueillie par ma grand-mère, constitua quelques années plus tard le livre Les Gravel publié en 1979 aux éditions du Boréal Express à Montréal. C'était une vieille dame percluse de rhumatismes et j'admirais sa ténacité, sa vivacité d'esprit. Elle avait entrepris ce travail de longue haleine au bénéfice de ces propres enfants et petits-enfants. J'étais alors une adolescente en grand questionnement existentiel et je me disais, en la regardant travailler, que j'aimerais moi aussi un jour, mettre à jour mon passé familial afin de mieux comprendre qui j'étais et d'où je venais.



Aujourd'hui, c'est au tour de ma mère, Françoise Gravel, de faire le tri, d'annoter des centaines de photos de famille dont elle a eu accès, évoquant l'histoire au Québec et en Saskatchewan.

Ce qui se révélait, il y a plusieurs années de façon inconsciente dans mon travail, avec la maturité, devient l’objet conscient de ma quête d’identité, de mon désir de prendre possession de mon passé et de celui de mes ancêtres. Je me sens investi par la responsabilité de renouveler ce patrimoine, de renouer avec le passé de mes ancêtres. Je suis issue de deux générations de déracinés, autant du côté paternel que du côté maternel.
La problématique ici traitée est universelle, chacun de nous portant en soi un legs de ses ancêtres, qu’ils soient d’ici ou d’ailleurs. Mais en vérité, nous sommes pratiquement tous des immigrants en terre d’Amérique. Les complexités de notre psyché ont leurs racines, pour la plupart d’entre nous, sur d’autres continents. Cela fait en sorte que les espaces géographiques s’interpénètrent au plus profond de nous-mêmes. Le sujet de mon travail est un questionnement sur le sens même de l’appartenance. Qu’est-ce qui la définit et quel en est l’impact sur ma lecture du monde? Quel héritage ai-je vraiment reçu de mes ancêtres? Est-ce que ces racines-là sont suffisantes pour me définir? Quel est mon rapport au territoire? Qu’est-ce qui, chez moi, bâtit l’identité?



Tableau d'annouchka Gravel Galouchko, L'homme artériel de mes gigues, pour le bien aimé poète, GASTON MIRON

LA MARCHE À L'AMOUR
POÉSIE GASTON MIRON
MUSIQUE BERNARD BUISSON ET PIERRE ST-JACK




De 1991 à 1993, Gaston Miron a présenté son spectacle LA MARCHE À L'AMOUR, à travers le Québec.J'ai crée ce tableau pour la mise en scène de son spectacle.

Photo de Réal Capuano






L'homme artériel me mes gigues

Annouchka Gravel Galouchko Acrylique et procédés mixtes sur bois, 218 cm x 76 cm, 1991

 L'homme artériel de mes gigues est "de ta patience raboteuse et varlopeuse".
" Dans le poitrail effervescent de tes poudreries,
 dans la grande artillerie de tes couleurs d'automne,
dans tes hanches de montagne"

Gaston Miron, que j'ai eu la chance de connaître, a baptisé ce tableau, L'homme artériel de mes gigues. Gaston s'identifiait à cette œuvre et il en parlait comme de sa "mascotte".  Celle -ci l'accompagna fidèlement durant ses derniers spectacles historiques. Pauline Julien et son époux, Gérard Godin faisaient partis de ses amis qui virent l'homme sur scène dans toute sa splendeur.

 Mon tableau exprime la puissance évocatrice de L’homme rapaillé de son poème: Compagnon Des Amériques. 

J'ai assisté à ses spectacles, époustouflants de beauté vitale. Je ne comprends pas pourquoi il ne reste aucun témoignage, photos, enregistrements, films de  sa MARCHE À L'AMOUR, aucun témoignages pourtant si précieux, du spectacle de notre poète national. Gaston Miron était encore là parmi nous, en chair et en os, à faire trembler et vibrer tout l'auditoire. Un véritable tsunami d'émotions nous emportant, inoubliable... 

L’homme artériel de mes gigues a été le compagnon des gigues de notre poète national dans le spectacle-performance La Marche à l'Amour qu’il a donné de 1991 à 1993, porté par la musique expressive des musiciens Bernard Buisson et Pierre St-Jack.

L'homme artériel de mes gigues a connu les planches exaltantes du Théâtre de la Licorne, du Lion d'Or, du Théâtre de la Chapelle à Montréal et du Petit Champlain à Québec.

Hier, j'ai sorti l'homme rapaillé des oubliettes, ai lavé tendrement ses blessures au soleil et emballé. Demain, un camion du Centre d'Exposition de Repentigny vient chercher l'homme rapaillé qui se verra à nouveau dénudé par les regard.

COMPAGNON DES AMÉRIQUES, Gaston Miron

Compagnon des Amériques
Québec ma terre amère ma terre amande
ma patrie d'haleine dans la touffe des vents
j'ai de toi la difficile et poignante présence
avec une large blessure d'espace au front
dans une vivante agonie de roseaux au visage
je parle avec les mots noueux de nos endurances
nous avons soif de toutes les eaux du monde
nous avons faim de toutes les terres du monde
dans la liberté criée de débris d'embâcle
nos feux de position s'allument vers le large
l'aïeule prière à nos doigts défaillante
la pauvreté luisant comme des fers à nos chevilles

mais cargue-moi en toi pays, cargue-moi
et marche au rompt le coeur de tes écorces tendres
marche à l'arête de tes dures plaies d'érosion
marche à tes pas réveillés des sommeils d'ornières
et marche à ta force épissure des bras à ton sol
mais chante plus haut l'amour en moi, chante
je me ferai passion de ta face
je me ferai porteur de ton espérance
veilleur, guetteur, coureur, haleur de ton avènement
un homme de ton réquisitoire
un homme de ta patience raboteuse et varlopeuse
un homme de ta commisération infinie

l'homme artériel de tes gigues
dans le poitrail effervescent de tes poudreries
dans la grande artillerie de tes couleurs d'automne
dans tes hanches de montagne
dans l'accord comète de tes plaines
dans l'artésienne vigueur de tes villes
dans toutes les litanies
de chats-huants qui huent dans la lune
devant toutes les compromissions en peaux de vison
devant les héros de la bonne conscience
les émancipés malingres
les insectes des belles manières
devant tous les commandeurs de ton exploitation
de ta chair à pavé
de ta sueur à gages
mais donne la main à toutes les rencontres, pays
toi qui apparais
par tous les chemins défoncés de ton histoire
aux hommes debout dans l'horizon de la justice
qui te saluent
salut à toi territoire de ma poésie
salut les hommes et les femmes
des pères et mères de l'aventure

lundi 27 octobre 2008

Le conteur- TheStoryteller


Le Conteur / The Storyteller
Un conte d'Annouchka Gravel Galouchko
A story by Annouchka Gravel Galouchko


Un projet d'album illustré par Stéphan Daigle / An illustrated album project illustrated by Stéphan Daigle

Commencé en 2001, ce merveilleux projet attend toujours un éditeur. Les illustrations de Stéphan Daigle qui l'accompagnent ont été réalisées de façon traditionnelle. Aujourd'hui, avec l'utilisation de la technologie numérique, la réalisation des images complexes que l'artiste a imaginées, devient envisageable sur une période raisonnable de temps.

Strarted in 2001, this marvellous project still await for a publisher. The illustrations by Stéphan Daigle showed have been created traditionnaly. Today, with the use of digital technology, the creation of the complex images that the artist had imagined for the story, become feasable in a reasonable length of time.





Le conteur (extrait)
© 2005 Annouchka Gravel Galouchko

Uma vivait dans un village accroché aux flancs d’une immense montagne. Porté par ses ailes d’azur imaginaires, le petit garçon planait autour d’elle. Ses grands bras ailés l’entouraient amoureusement, les chants de la montagne lui remplissaient le cœur, les clochettes des chèvres, le clapotis des sources vives, la voix lointaine de son père, toutes ces musiques lui racontaient une histoire. Ce matin-là, Uma virevolta et se blottit tendrement contre la poitrine de son père : « Papa, je t’aime! » Son père l’embrassa sur le front et poursuivit son récit. La tête collée contre son cœur, l’enfant se laissa emporter dans l’histoire, enveloppé par les vibrations profondes de la voix de son père. Une foule les entourait. Le papa de Uma était un merveilleux conteur. Il voulait qu’un jour son fils lui succède.

La mère de Uma les avait quittés alors que celui-ci n’avait que six ans. Le conteur avait dit à son fils qu’elle était partie rejoindre l’esprit de la montagne et qu’elle veillait sur eux. Depuis ce temps, Uma confiait ses joies et ses peines à la montagne. Lorsque son absence prenait trop de place dans son petit cœur, l’enfant demandait à sa mère montagne de lui envoyer un signe. Quelque chose d’inhabituel finissait toujours par surgir, un oiseau venait se percher sur sa tête, un papillon lui frôlait la joue ou encore, un lièvre bondissait devant lui. Uma soulagé, retrouvait l’harmonie.

Vers l’âge de sept ans, Uma révéla à son père qu’il passait ses journées à parler avec la montagne.

« Mon petit Uma, lui dit son père, c’est merveilleux, tu es mon digne fils! Depuis des générations et des générations, les conteurs de notre famille parlent avec la montagne et reçoivent d’elle ses enseignements. La montagne, comme tu le pressens maintenant, c’est aussi tous les êtres qui la peuplent, du plus petit au plus grand. C’est également par eux qu’elle peut te transmettre sa sagesse. Ses enseignements peuvent parfois sembler bien cruels. Mais ce qui ravage le cœur devient ce qui un jour le sauve, si l’on prend le temps de s’arrêter pour comprendre ces leçons... Parce qu’elle est notre mère à tous, elle se sert de nous, les conteurs, pour parler aux hommes. Alors maintenant que tu es grand, il te faudra m’écouter lorsque je conte. J’ai un immense trésor à te donner. »

Tous les matins, le père emmenait son fils sur les sommets et lui confiait une nouvelle histoire. Jamais il ne la répétait. Uma se demandait en redescendant s’il allait se souvenir de tous ces récits. Il tentait de se rassurer en se disant que son père pourrait toujours les lui rappeler. Alors qu’il gardait ses bêtes, l’enfant essayait de leur raconter la légende apprise ce jour là. Son esprit inquiet cherchait les mots perdus, les images s’envolaient de sa mémoire. Malheureux, il n’osait pas en parler à son père. Mais le conteur, qui savait par quoi passait son fils, souriait doucement dans sa barbe.





The Storyteller (excerpt)
A story written by Annouchka Gravel Galouchko ©2005

Uma was a little boy who lived in a village nestled on the side of a mountain. He liked to pretend he was a bird. With his imaginary wings, he glided over the mountain's icy peaks. From high up in the sky, he listened to the mountain's songs: the jingle of the little bells the goats wore around their necks, the gurgle of the springs and the far-off sound of his father's voice as he told a story. Uma was in seventh heaven as he twirled and then tenderly surrounded his beloved mountain with his blue wings.

That morning, the mountain embraced him and continued its tale. His head nestled on his father's chest, Uma awoke from his daydream and listened to the story. A crowd surrounded them. Uma's father was a brilliant storyteller. He hoped that, one day, his son would take his place.

Uma had lost his mother when he was very young. To console Uma, his father told him that she had gone to live with the spirit of the mountain, and that she was watching over him. Ever since then, Uma confided his sorrows and his joys to the mountain.

When he was about seven years old, Uma told his father that he spent his days talking to the mountain.

"My son," his father answered, "that is fine. But now that you are big, you must listen to me when I tell stories, for I have a wonderful treasure to give you."

Every morning, Uma's father took him to the top of the mountain and told him a story. He never told the same story twice. Sometimes, on his way down the mountain, Uma wondered if he would ever remember them all. "Poppa will always be able to remind me of them," he told himself.

The years passed. Intent on his apprenticeship, Uma forgot his childhood games and the mountain's songs.

Les cerfs-volants ensorcelés



Il ne faut pas tenter de museler l’imaginaire, mais le laisser s’envoler au gré des courants et des vents. Voilà la morale de ce beau conte baigné de symbolisme et de sagesse orientale. Choisi par l’empereur d’un pays que l’on devine être asiatique pour accueillir un grand concours de cerfs-volants, un village devient soudainement la proie d’une folle frénésie. Obsédés par la compétition, les habitants essaient de provoquer leurs rêves, première source de leur inspiration créatrice. Mais on ne badine pas avec les rêves, apprendront à leurs dépens les villageois. “La veille du festival, tous les cerfs-volants du village avaient été accrochés aux toits des maisons. Il y avait tant de rêves suspendus au firmament que le soleil avait disparu. Le hameau, plongé dans une nuit sans fin, ne se réveilla plus, à l’exception des enfants.” Le village sombre dans l’oubli et la tristesse. Kitao et Yamauba, deux enfants partis chercher de l’aide, échappent heureusement au maléfice. Ils n’oublieront pas leurs familles et amis.
Suite de Sho et les Dragons d’eau (prix du Gouverneur général en 1995), Les Cerfs-volants ensorcelés est une fable légère et grave portée par la voix aérienne de la peintre et auteure Annouchka Gravel Galouchko. Ses illustrations élégantes nimbent le récit d’une atmosphère fantastique. Un conte qui plaira aux enfants et charmera leurs parents. --Pascale Millot

Les Cerfs-volants ensorcelés
Annouchka Gravel Galouchko
Éditions Leméac jeunesse, 74 pages.
Genre conte et légendes
Suggéré par le 6 août 2007
Commentaire de Brigitte moreau, libraire de la librairie Monet et critique littéraire


Les petits contes philosophiques ne sont pas monnaie courante. C'est pourquoi ils nous chavirent autant lorsqu'un auteur nous offre un si beau cadeau. Les Cerfs-volants ensorcelés est un petit bijou, lumineux et intelligent, qui met en scène des créateurs de rêves. Dans la foulée de Shô et les dragons d'eau, ce magnifique album récipiendaire du prix du Gouverneur général (1995), nous revoici plongés dans une histoire de cerfs-volants. L'exotisme de ce roman hors norme séduit : il est empreint de cette sagesse orientale qui nous entraîne au-delà des frontières du réel. Les illustrations sont tout simplement magnifiques et évoquent cette légèreté propre au matériau de l'histoire. Avec simplicité, il nous prédispose à la réflexion et au partage. Un hommage à la liberté et à son pouvoir de créativité.

The Birdman

Article paru dans The Gazette en 2007


Written by Veronika Martenova Charles
Illustrated by Annouchka Gravel Galouchko and Stéphan Daigle

Noor Nobi is a broken man, wandering the streets of Calcutta with no reason to live. His three children, snatched from him in a cruel accident, were everything he worked for and loved. But one day, he enters a crowded market and sees a bird, caged and frightened and sick. With very little money in his pocket, he waits until the vendor is closing up.

Quickly, Noor Nobi bargains and, happy to get anything for the sickly thing, the vendor accepts his offer. For some reason Noor Nobi cannot explain, it is important for him to nurse the bird back to health. When it is finally able to fly, Noor Nobi takes his bird to a big Banyan tree and releases it. Only then is he able to weep and fully grieve for his children.

Before Noor Nobi knows it, he is back at work and taking his weekly earnings to the market where he continues to buy, heal, and free as many birds as he can. Crowds gather; some laugh and say he is crazy, some stand reverently, some don’t know what to think. But Noor Nobi’s kindness saves a growing number of birds, and the birds, in turn, give him new purpose.

Author Veronika Martenova Charles read a short newspaper article about the “Birdman” of Calcutta and her imagination took flight. She traveled to India, found Noor Nobi, and witnessed the freeing of the birds for herself.

The Birdman is a touching, true story, tenderly illustrated by Annouchka Gravel Galouchko and Stéphan Daigle. It is accompanied by an afterword, diary entries, and photographs of the author’s experience.

www.tundrabooks.com

La vie et la mort en couleurs



VOIR.CA
31 mars 2006 par Venise Landry

Je ne sais pas de quelle nationalité est l'illustratrice mais elle ose la couleur avec un petit quelque chose d'ailleurs. D'ukrainien, ou je ne sais. En tout cas, j'ai rarement vu une couverture d'album aussi franchement joyeuse et élevante. Le titre se donne tout entier à cette image forte de la mère toute en couleurs. Il y a de ces idées que l'on aimerait avoir soi-même ; c'est dire alors combien on admire les personnes qui les poussent à bout de bras et de crayons. Jumeler les humeurs d'une mère avec des couleurs franches et généreuses, il n'y avait pas, à mon sens, de meilleure astuce pour concrétiser l'abstrait chez les "5 ans et plus". C'est ingénieux. S'il y a un comble de l'abstraction pour l'enfant, c'est bien la mort (pour l'adulte aussi !) et Francine Caron l'a apparenté au blanc ; la "blancheur de la mort". Du coup, cela nous sort du morbide, du deuil tout de noir vêtu. Je n'ai rien contre l'idée d'aborder le départ de notre escale sur terre comme une lumineuse porte de sortie. Pourquoi pas ? Surtout pour les enfants qui expériment, tôt ou tard, la mort d'un proche, ne serait-ce que celle de leurs grands-parents. Avant de le donner à ma nièce, comptez sur moi pour le lire en ouvrant grand le coeur et les yeux !

Les couleurs de ma mère 2005
Texte écrit par Francine caron
Illustré par Annouchka Gravel Galouchko
Les Éditions HMH Hurtubise Montréal
www.hurtubisehmh.com
Pour les enfants de 5 ans et plus
ISBN 2-89428-801-8

Distribution en France
Librairie du Québec/D.N.M
Courriel:liquebec@noos.fr




Texte pour l’exposition des tableaux et pour le lancement du livre Les couleurs de ma mère de Françine Caron à La Galerie B à Montréal, mai 2006

J’ai toujours considéré la peinture comme un outil de connaissance de soi. Lorsque Francine m’a présenté son texte il y a quelques années de cela, j’ai accepté de l’illustrer en me disant que ce serait l’occasion d’accomplir un nouveau voyage intérieur.

Francine m’a invitée à partager une expérience difficile. Son texte mettant en lumière les relations psychiques très profondes qui s’établissent entre la mère et l’enfant pour à la fin rompre les amarres, m’a laissé tout d’abord dans le désarroi. Mais le père prend la relève. La vie qui est plus forte que tout et qui a été semée en graines d’amour, par la maman, dans le cœur de ses enfants leurs donnera le pouvoir de continuer à croître. Toutes ces graines d’amour semées au fil des pages, je m’en suis servi pour nourrir mon élan créateur. Avec chaque couleur, je me suis plongée dans la beauté et l’harmonie qui leur sont propre, dans l’expression des émotions. Chaque couleur m‘a entraînée à me pencher sur ma propre relation avec ma mère qui n’est peut-être pas aussi idéale que celle du livre. C’est aussi mon propre rôle de maman que j’y ai retrouvé avec mon exubérance d’artiste.

Mais c’est comme une enfant que j’ai joué avec ma boîte de couleurs, les ciseaux et la colle, que j’ai fouillé dans mon coffre aux trésors rempli de textures et de motifs glanés autour du monde. C’est dans un esprit joueur, absorbée dans l’instant présent mais aussi ancrée dans mes propres souvenirs d’enfance que j’ai réalisé les images de ce très beau texte.

Lorsqu’il a fallu illustrer le blanc, cela a été une une descente profonde dans mon corps de souffrances. Là, je me suis acceueillie. J’ai exprimé toute ma vulnérabilité qui n’est sans doute pas bien éloignée de celle d’un enfant. Dans ma crainte, je me suis trouvé un allié en Jean-Paul Lemieux pour parcourir ce bout de chemin tellement difficile à appréhender.

J’espère que mon travail pourra aider d’autres voyageurs dans ce difficile passage.

Annouchka Gravel Galouchko

samedi 25 octobre 2008

DIABLES!



J’ai fait un drôle de rêve.
C’est la nuit et je suis assise au milieu d’un immense escalier de marbre blanc qui n’en finit plus. Il n’y a pas un chat et il fait noir comme chez le diable. Soudain je me rends compte que, tout en bas dans les tréfonds, se trouve l’enfer.
La peur m’envahit mais se transforme bientôt en une féroce envie d’affronter les diables, ceux de mon enfance qui venaient dans ma chambre la nuit me tirer les orteils.
Je n’ai rien pour éclairer mon chemin; je n’ai plus le choix que de devenir ma propre lumière et descendre en toute conscience dans les peurs ancestrales.
Je m’enfonce irrémédiablement sous terre. Aussitôt, je suis attaquée de toutes parts par une cohorte de diables qui cherchent à faire naître en moi le chaos...
(Extrait)

DIABLES! est un conte philosophique qui a quelque chose de Zen. Il a été écrit par Annouchka Gravel Galouchko, illustré par Stéphan Daigle et publié chez Mémoire d'encrier à Montréal en septembre 2006.
Quoique la forme du livre l’apparente à un album jeunesse: on aurait tort de ne le considérer que sous cet angle.
La chanson folklorique “Le diable est sorti de l’enfer”, qui donne l'inspiration au conte, vient tout droit de notre passé catholique, ludique et bon enfant. Nous comprendrons au cours du récit que nous n’en sommes pas très éloignés.
Annouchka Gravel Galouchko, dès les première lignes, annonce son refus d’une vision du monde régie par la peur et le jugement. D'entrée de jeu, nous descendons en enfer, afin d’en comprendre les mécanismes.
Par de savoureux jeux de mots, une langue haute en couleurs et une imagination débordante, Annouchka Gravel Galouchko nous fait subtilement prendre conscience que l’enfer naît entre nos deux oreilles.
On comprendra que nos attitudes et nos jugements construisent les prisons dans lesquelles nous enfermons notre joyeuse liberté. La saine acceptation de la "brûlure" comme un enseignement de la Vie transformera à jamais l’enfer des quatres héros de l’histoire.
Annouchka Gravel Galouchko a reçu de nombreux prix nationaux et internationaux soulignant la qualité de son oeuvre.
Stéphan Daigle, quant à lui, élabore un univers symbolique dans lequel se marient l’esprit des cultures premières avec une vision radicalement contemporaine. Dans des tableaux réalisés aux pinceaux, mais dont la maîtrise laisserait à penser qu’ils résultent de l’informatique, l’artiste développe des allégories détaillées aux couleurs raffinées. D’une graphie très affirmée, les images frappent profondément l’imagination. Avec un vocabulaire de lignes, de motifs et de textures colorés, Stéphan Daigle fait passer le royaume des morts dans celui des vivants.
Pour en voir plus: www.stephandaigle.com & www.illustrationquebec.com/stephandaigle
Ces deux artistes aux carrières internationales, partagent une vision commune qu’ils développent avec un art consommé. Chacun, à sa manière unique, nous offre le fruit d’une longue maturation. Un grand cru!
Vous pouvez trouver ou commander DIABLES! chez votre libraire ou encore sur www.rezolibre.com.

"Diables!"
Une histoire d'Annouchka Gravel Galouchko
accompagnée des illustrations de Stéphan Daigle
publiée chez Mémoire d'encrier en septembre 2006
dans la collection Contes et légendes (no.4)
À partirde 9 ans $15
ISBN 2-923153-55-3
www.memoiredencrier.com


LA PRESSE MONTRÉAL, DIMANCHE 3 DÉCEMBRE 2008

Littérature jeunesse
Esprit, es-tu là?

Diables!
Texte d'Annouchka Gravel Galouchko, illustré par Stéphan Daigle.
(Mémoire d'encrier, dès 8 ans)

Distiller un message altruiste tout en jouant de l'humour, raconter l'amour du prochain sans être gnangnan : voici un livre magnifique en fond comme en forme, qui ne parle pas de Noël mais en "convoque" l'esprit.
À l'origine de Diables! une chanson du répertoire traditionnel québécois où le diable sort de l'enfer et, avant d'y retourner, embarque quelques insatisfaits afin de les présenter (!) à Lucifer. Point final. Annouchka Gravel Galouchko s'est amusée, avec humour et (im) pertinence, à imaginer ce qu'il leur arrivait après. Stéphan Daigle a mis le tout en images, avec cette manière unique qui est la sienne - puissance et simplicité de la ligne, combinaison du moderne et du primitif. Le résultat est aussi beau qu'amusant. Et aussi entraînant qu'une chanson.

Sonia Sarfati

vendredi 10 octobre 2008

Portrait d'Annouchka




Texte d'introduction de Marie-Claire Blais pour une monographie sur les oeuvres de l'artiste Annouchka Gravel Galouchko intitulée "Envol Imaginaire", publiée aux éditions  Les 400 coups (1998) coll. Images


Dans sa peinture, ses illustrations, Annouchka Galouchko nous enveloppe, avec ses couleurs chaudes, l'audace de son envol imaginaire, de la beauté mouvante du monde, le monde et ses légendes puisées à toutes les cultures, tous les pays, son inspiration se réchauffant parfois aux nuances somptueuses de l'Orient. Comme Chagall qui se sert de la vitalité du folklore juif pour peindre la fable religieuse d'un tableau ou d'un vitrail, Annouchka Galouchko ressuscite le monde ancien et le nouveau en les pliant à ses propres lois de magie et d'envoûtement secret. Elle recrée l'innocence d'un paradis dont elle connaît la précarité, ce paradis toujours sur le point d'être perdu, anéanti par les fureurs guerrières de notre temps, elle unit dans une même harmonie pays merveilleux, hommes et animaux longtemps séparés les uns des autres par un même exil, et dans ce paradis aux intenses chaleurs, de précieuses récoltes croissent pour les générations à venir, la vie éclate généreusement avec l'abondance des fleurs et des fruits, la végétation est le soir roussie par ce soleil crépusculaire des paysages d'Émile Nolde; dans cette fable qui ravit l'oeil et le surprend, nous sommes près de ces amants de Chagall frôlant dans un tourbillon de feu et de neige au-dessus de leur ville une lune, un chat; les amants d'Annouchka Galouchko portent sur leur coeur un oiseau, ses arbres marchent avec des corps d'hommes, leurs têtes se transforment en brasiers tendant leurs branches fécondées, les tortues, les chiens, les petits chevaux, les ânes, et les colombes, les pigeons blancs envahissent les toits des maisons et la verdure des collines, un pommier peut devenir aussi un garçon noir sous un chapeau de paille, des vers le ciel, nous sommes éblouis de féeriques images et des sortilèges de ce monde renversé sous le trait brûlant des couleurs du peintre qui raconte aussi une histoire. Dans certaines oeuvres, c'est l'empreinte charnelle de l'artiste qui fait vibrer la toile; aux frémissements de joie des corps vivants qui s'enlacent ou se quittent se mêle une peur sourde, car ces sensuels danseurs au paradis dansent aussi sur un monde en feu, et là encore je pense à ce lien sensible que partage Annouchka Galouchko avec le peintre expressionniste germanique, à cette oeuvre de Nolde où l'on voit danser des jeunes femmes sur une piste de chandelles allumées, où des silhouettes noires semblent guetter dans l'ombre les danseuses qui chantent et rient, sautant d'un pied léger au-dessus de la flamme, Annouchka Galouchko peint elle aussi cette chair rouge des vivants, facilement blessée, elle peint ce paradis où s'enflamment les arbres, et peut-être, comme Nolde, revêt-elle d'or et de cet insoutenable bleu fondant vers le noir les anges ou les saints, ou ceux que je perçois dans son oeuvre mystérieuse dont il faut déchiffrer les signes, comme d'errantes victimes cherchant leur parcours entre terre et ciel. Ou ce qui fut hier le paradis, pour elles.


Marie-Claire Blais